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Entrepreneuriat

Optimisez la gestion de votre entreprise

Certains entrepreneurs me disent qu’ils ont eu de la chance lorsqu’ils cherchent à expliquer leur réussite. Mais quand je creuse avec eux la manière dont ils ont conduit leur projet, je constate qu’ils ont mis en place un système propice à leur succès. Leur idée a certes été le déclencheur, mais elle a rapidement été étayée par des recherches, une modélisation économique, une réflexion autour du timing, une validation des compétences requises… et une organisation bien huilée.

Trouver le bon rythme de travail

La littérature et les réseaux sociaux foisonnent de témoignages fabuleux autour de la semaine de 4 heures et de l’idée de gagner beaucoup d’argent en travaillant très peu, pour profiter à fond de cette société idéalisée du loisir. Je vous le dis comme je le pense : c’est une légende. Tout du moins, avant d’en arriver là, ceux qui prônent cette organisation ont passé des années à travailler à un rythme soutenu pour mettre en place un dispositif leur permettant de se libérer du temps. Et la plupart continue à travailler plus qu’ils ne le disent.

Il ressort des témoignages que j’ai récoltés un point commun quasiment unanime : les entrepreneurs ont un rythme de travail intense. Qu’on ne peut pas imaginer avant de l’avoir vécu soi-même. Ceux que j’ai rencontrés me parlent de 60 à 70 heures de travail par semaine. Soit l’équivalent de deux emplois salariés à temps plein. Si l’on ramène ce volume à 5 jours de travail par semaine, en imaginant qu’ils ne travaillent pas le week-end, on se situe entre 12 et 14 heures de travail par jour. Cela vous paraît absurde de se mettre à son compte pour travailler plus ?

Il existe pourtant des raisons parfaitement logiques qui expliquent ce phénomène :

  • Travailler pour soi est moins coûteux que de travailler pour un tiers : on sait pour qui et pourquoi on le fait.
  • Les entrepreneurs se prennent au jeu, ils prennent plaisir à concevoir, lancer, gérer leur activité. Là où le bât blesse, c’est lorsqu’ils ont laissé entendre à leur entourage que la création de leur entreprise ne remettrait en rien en cause l’organisation familiale ou amicale : en réalité, cela va tout changer et c’est normal.
  • Les entrepreneurs se rendent compte très rapidement que pour qu’une activité décolle, il faut se mettre dans un état second, le flow : c’est de cette manière qu’on avance efficacement et sans effort, parce qu’une idée en amène une autre, dans un état quasi hypnotique.
  • Pour qu’elle décolle, votre entreprise doit faire partie de vos préoccupations principales : il existe un lien direct entre le temps que vous consacrez à une activité et l’importance que vous lui donnez. Ne commettez pas l’erreur de limiter votre investissement pour limiter vos pertes en cas d’échec. Quitte à vous lancer, faites-le à fond et laissez à vos actions le temps de porter leurs fruits, pour ne rien regretter : ne renoncez pas à une action si elle ne vous rapporte rien dans l’immédiat. Souvent, les résultats se mesurent à moyen voire à long terme. Enfin, gardez en tête que douter est sain, tandis que partir perdant est auto-réalisateur.
  • Une part significative des entrepreneurs ont pris des risques en créant leur entreprise et ne peuvent pas se permettre d’échouer. De ce fait, ils mettent toutes les chances de leur côté pour réussir : la prise de risque fait partie des moteurs de réussite les plus puissants.

Je n’ai pas de solution miracle pour tout faire tenir en 24 heures : il vous faudra faire des choix pour trouver un équilibre entre vos obligations et vos envies. Faites l’analyse de votre emploi du temps actuel et regardez ce qui peut être réduit, supprimé, modifié…

Conservez néanmoins des moments qui ne seront pas optimisés, durant lesquels votre esprit pourra vagabonder librement, contempler, s’émerveiller, se reposer, s’amuser… Vous n’êtes pas une machine !

Le fait de travailler autant d’heures que les entrepreneurs que je côtoie n’est évidemment pas une fin en soi : si vous êtes allé au bout des objectifs que vous vous étiez fixés pour la journée, la semaine, le mois… il n’y a aucune raison pour que vous fassiez du zèle inutilement. Dès lors que vos objectifs sont compatibles avec la pérennité de votre entreprise (et donc alignés avec votre modélisation économique), il n’y a aucune raison de les remettre en question.

Si vous souhaitez sincèrement mettre toutes les chances de votre côté, mais que vous craignez d’être submergé, c’est bon signe : vous êtes réaliste. Si vous n’êtes prêt à faire aucune concession, aucun changement pour créer votre entreprise, c’est un peu comme si vous vouliez vous mettre en couple avec quelqu’un sans changer aucune de vos habitudes de célibataire… C’est mal barré.

Organiser son travail

Vos deux meilleures amies s’appellent désormais : planification et priorisation. Ne les délaissez jamais, sans quoi elles pourraient vous trahir. Vous connaissez la maxime selon laquelle ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité ? Dans le cas d’un entrepreneur, les deux comptent autant l’une que l’autre : en plus de travailler beaucoup, vous allez devoir vous organiser pour que vos heures soient efficaces et productives. Outre la planification de vos tâches, vous devrez apprendre à les prioriser : celles qui sont urgentes devront être exécutées dans un délai contraint, tandis que celles qui ne le sont pas pourront être différées… dans une certaine limite. Car certaines tâches qui n’ont aucun caractère d’urgence sont néanmoins de la plus haute importance… Bref, vous allez vous arracher les cheveux ! Mais vous allez aimer ça 😉

Pour commencer, si vous n’avez pas encore lancé votre activité, vous avez une chance unique à saisir : anticipez tout ce qui peut l’être avant le lancement officiel. En effet, dès l’ouverture, vous serez le nez dans le guidon. Conclusion : il faut anticiper tout ce qui n’est pas de l’ordre de la gestion courante ! Je vous en donne quelques exemples : conditions générales de vente, règlement intérieur, contrat de vente, modèles de devis, modèles de facture – avec toutes les mentions légales ! –, paramétrage du logiciel de vente, de facturation et de comptabilité, outil de suivi de votre activité, création du site Internet et des comptes sur les réseaux sociaux, référencement… Cerise sur le gâteau : ces actions vous permettront d’identifier des incohérences éventuelles dans votre offre, votre grille tarifaire ou votre discours commercial.

Que vous soyez parti pour avoir de très longues journées ou des plus courtes, je vous recommande de planifier vos tâches de manière logique durant votre journée, votre semaine et votre mois :

  • Tenez compte de votre rythme naturel : si vous êtes du matin, commencez votre journée par les tâches qui vous demandent le plus d’effort ou de concentration et gardez les tâches plus basiques pour l’après-midi, celles que vous pouvez réaliser sans risque en mode automatique.
  • Tenez compte de votre environnement extérieur : si vous avez une boutique et que le gros du trafic est concentré entre 8h et 10h, consacrez-vous à vos clients durant ce créneau en prévoyant uniquement de petites tâches simples et courtes et planifiez les tâches les plus critiques à un autre horaire, voire durant vos heures de fermeture.
  • Tenez compte de votre niveau de forme et de motivation : si vous aviez prévu de repenser totalement votre site Internet cette semaine, mais que vous avez des insomnies depuis 3 jours, le moment n’est pas propice : anticipez d’autres tâches que vous aviez programmées dans les semaines à venir et qui vous sollicitent moins, et revenez à votre tâche stratégique lorsque vous serez en meilleure forme.

Cette organisation a l’avantage de positionner chaque type de tâche au moment le plus adapté et donc de les réaliser de la manière la plus naturelle et facile possible. Attention néanmoins à ne pas en faire un levier de procrastination : je n’ai pas envie de réaliser telle tâche alors je la prévois au pire moment de la journée, celui où je n’ai aucune motivation, donc elle me coûte encore plus, alors je pars du principe que je n’ai pas l’énergie à ce moment précis, je la reporte indéfiniment et ne la mène jamais à son terme…

Ce postulat de ne pas repousser sans fin les tâches qui ne vous plaisent pas, est un point fondamental : en tant qu’entrepreneur, vous aurez de nombreuses tâches obligatoires à réaliser, qui ne seront certainement pas votre cœur de métier. Pour ne pas laisser la colère, l’agacement, la lassitude ou le découragement vous envahir, il n’y a qu’une solution : partez du principe que ces tâches sont incontournables et que vous ne pourrez pas y couper. Évitez de reporter ces sujets et intégrez-les à votre planning sur des plages dédiées et régulières. Si vous avez la sensation qu’elles vous prennent trop de temps, prenez du recul et réfléchissez à la manière dont vous les réalisez pour savoir si vous disposez des bonnes méthodes pour les traiter : vous pourrez peut-être envisager des solutions alternatives pour les optimiser (sous-traitance, acquisition d’un outil…). Gardez également en tête que la réalisation d’une tâche est de plus en plus rapide, une fois que vous vous êtes approprié le sujet et que votre investissement initial porte ses fruits : votre courbe d’apprentissage sera d’autant plus rapide si vous y mettez de la bonne volonté, et si vous créez par exemple des fiches ou un mémo pour vous rappeler la démarche la fois suivante, sans avoir besoin de vous remémorer chaque étape de tête.

Suivre son activité avec rigueur

Les avis divergent sur ce point : certains suivent leur activité à l’euro près, d’autres jettent un œil aux comptes une fois par an, au moment du bilan. Je n’ai pas de religion en la matière, simplement je constate que ceux qui surveillent avec attention ces données ont des résultats plus florissants que les autres.

En effet, savoir où vous en êtes en matière de devis, facturation, chiffre d’affaires, marge, point mort, paiements, trésorerie, contrats, rotation de stock, pertes sur stock… sont autant de curseurs à votre disposition pour optimiser la performance de votre entreprise. L’argent n’est pas sale, il est la clé pour pérenniser votre entreprise : vous vous devez d’avoir une activité rentable pour qu’elle perdure.

Votre rigueur en la matière sera également perçue comme une démonstration de votre professionnalisme par vos interlocuteurs et vous évitera de passer à côté de certaines ventes, faute de réactivité : qui n’a pas fait appel à un autre artisan après avoir attendu un devis pendant des semaines d’un professionnel qui avait pourtant l’air très compétent ? Là encore, prévoyez des créneaux dédiés à ces tâches dans votre emploi du temps.

De la même manière, les contrats doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux : oublier de renouveler ou au contraire de résilier un contrat peut vous coûter très cher. Étudiez dans le détail les conditions de reconduction, les préavis et échéances de chacun d’entre eux et mettez-vous des rappels directement sur votre calendrier pour n’en oublier aucun, que ce soit une assurance, une mutuelle, un contrat de prévoyance, les prestations d’expertise comptable, le leasing d’un véhicule, votre bail, votre contrat d’électricité, les contrats de travail… car il vous faudra anticiper vos démarches si vous souhaitez mettre fin à un contrat. La confiance n’excluant pas le contrôle, ne croyez jamais sur parole un partenaire qui vous assure à l’oral avoir bien pris en compte votre volonté de résilier votre contrat : confirmez tout cela dans les formes.

Ne vous sentez pas non plus entièrement protégé par un contrat. Au moment de sa signature, lisez-le avec attention (je sais, c’est pénible) pour vérifier en particulier son périmètre, les exclusions, les franchises, les périodes de carence et les pénalités qui s’appliquent : si le contrat n’est pas adapté à vos besoins, demandez à ce que certaines clauses soient modifiées ou refusez de le signer.

Si vous n’avez pas besoin de gagner d’argent avec votre entreprise, vous pouvez faire fi de ce suivi. Si vous avez besoin de cet argent, soyez cohérent et suivez ces chiffres et ces documents avec attention et régularité.

Garder le bon état d’esprit

Pourquoi votre état d’esprit est-il important pour optimiser la gestion de votre entreprise ? Parce que tout semble plus facile quand on l’aborde sous la bonne perspective ! Votre mental a un impact immense sur vos actions et sur la perception que les autres ont de vous.

Les Français sont mondialement connus pour être des râleurs invétérés. Ne tombez pas dans ce piège dans votre posture entrepreneuriale ! Cela reviendrait à tout voir en noir (et donc à vous démotiver vous-même) et à fatiguer vos interlocuteurs : personne n’a envie d’être le bureau des pleurs.

Une vigilance particulière doit être observée vis-à-vis de vos clients et partenaires : qui n’a pas déjà changé de crèmerie parce qu’il était systématiquement accueilli par un « Ah c’est pas facile en ce moment, la vie est dure… ». Choisissez la bonne humeur : vous aurez plus de chances d’en recevoir en retour et de vous mettre dans une dynamique positive et pleine d’énergie ! La loi de l’attraction, vous connaissez ? En résumé, cela veut dire que l’on récolte ce que l’on sème.

De la même manière, évitez de persifler et de critiquer les autres à tout bout de champ : vos interlocuteurs auraient le réflexe, même inconscient, de penser que vous faites de même vis-à-vis d’eux dès qu’ils ont le dos tourné. Vous généreriez de la méfiance et n’arriveriez pas à entretenir des relations authentiques et saines.

Si vous subissez des critiques, tournez la langue 7 fois dans votre bouche avant d’y répondre, surtout par écrit : les réactions impulsives pourraient vous porter préjudice. L’humour et le professionnalisme sont souvent une porte de sortie efficace.

Vous aurez certes besoin de vous épancher pour faire redescendre la pression, mais choisissez les bonnes personnes pour partager vos états d’âme et faites-le avec modération, sans théâtraliser ni surjouer. Vous pourrez bien sûr vous amuser à surenchérir dans des discussions sans fin entre entrepreneurs pour savoir qui a le plus de soucis et qui a le plus de raisons de se plaindre. En réalité, cela ne vous rendra pas plus intéressant et n’accroîtra pas votre valeur ou votre prestige. N’essayez pas non plus de partager avec tous ceux qui ne sont pas entrepreneurs chaque embûche de votre quotidien pour qu’enfin, ils sachent : ils ne vous écouteront pas, ne vous croiront pas ou vous encourageront à tout arrêter. Ils pourraient même jubiler : « Je te l’avais bien dit, que l’entrepreneuriat n’était pas fait pour toi. » Ne croyez pas non plus que vous êtes le seul à avoir des problèmes : tout le monde en a.

Enfin, sachez écouter lorsque quelqu’un vous confie ses problèmes : votre empathie créera des liens, surtout si vous évitez de rebondir systématiquement en parlant de vos propres cas de conscience. Vous vous surprendrez d’ailleurs en ces occasions à puiser des solutions dans vos expériences passées et donc à grandir dans votre posture entrepreneuriale. Le malheur et les galères ne sont pas des compétitions sportives, ils font juste partie de la vie : il faut réussir à les surmonter et à en tirer des leçons pour la suite.

En conclusion, être entrepreneur consiste à travailler, souvent beaucoup, de la manière la plus efficace possible, non pas pour se flageller ou pour pouvoir s’en plaindre ensuite, mais pour attiser la flamme qui brûle en soi et pour atteindre les objectifs qu’on s’est fixés. C’est ainsi que s’ouvrent les portes de la réussite.

Exercice de visualisation

Après la lecture de cet article, imaginez que votre entreprise est en activité (si ce n’est pas déjà le cas) et formalisez dans un tableau votre emploi du temps sur un mois, semaine par semaine, heure par heure, en intégrant toutes les tâches à réaliser, en gardant au moins ½ journée par semaine pour les imprévus et ce que vous aurez oublié.

Regardez à quoi ressemble votre emploi du temps : pensez-vous que ce rythme soit objectivement tenable dans la durée ? Si ce n’est pas le cas, il faut revoir votre organisation. Il y a notamment un levier que je n’ai pas abordé, à savoir l’automatisation de certaines tâches… Sujet à étudier !

Évidemment, il y aura des coups de bourre. Mais si la seule théorie dépasse vos capacités, ce n’est pas le bon chemin. Si au contraire, la perspective du travail à venir vous enthousiasme, foncez !